Parce qu’à un moment, et rapidement, il faut faire sa psychanalyse littéraire. Oui en trois articles. Tout à fait. Sans jeter le bébé dans la pièce et évacuer l’éléphant avec l’eau du bain. Mais quand même. Il s’agit d’une pierre au moins aussi angulaire dans ma pratique narrative (tous formats confondus) que Le Seigneur des Anneaux (paie ton cliché) ou Rougemuraille (oui un jour on causera de la fantasy animalière, mais pas aujourd’hui, car les loutres sont à la rivière). Le Trône de fer, c’est un truc qui sonne la fin de l’innocence et le début de grandes aventures.
Trouver une prise et grimper comme Bran
Faut revenir en 2004, soit il y a bientôt 20 ans, pour comprendre ce petit phénomène. En ce temps là, mon cerveau d’ado boulotte frénétiquement tout ce qui s’apparente à de la fantasy pour combler le vide laissé par les écrits de Tolkien.
Le petit Crys est en seconde et c’est à grands coups de Gemmel et de sorties Mnémos et Bragelonne qu’il mange de la fantasy anglo-saxonne. Mais aussi du Pevel avec Wielstadt ou du Thomas Day avec Rêves de guerre ,qui seront de petits traumas dans leur genre également. Je pense que mes parents voyaient tout ça comme “la suite logique de sa passion dévorante pour Harry Potter et les souris en soutane de Brian Jacques”. Il n’avaient sans doute pas conscience de la violence de ce que je me prenais dans la tronche. Mais passons, c’est un autre débat.
Ces lectures, je les partage par courrier avec mon pote Antoine (eh oui, les relations épistolaires ça existait encore, ça t’en coupe la banane, hein, Chlordécone de Laclos !). On échange conseils et avis. On se voit de temps à autres (toujours avec des livres dans le sac). Ah et à côté des bouquins, y a aussi du trafic de CDs gravés de System of a Down, Slipknot et… Hans Zimmer.
Découverte dans les ruines de la lecture
Et puis, par un beau jour d’été, du côté de Guillestre, c’est le drame. La pile à lire est à sec ! Plus de carbu pour les neurones. Autant dire, je vous rassure, que ça ne s’est jamais reproduit depuis. J’inspecte donc les étagères de mon camarade et découvre les premiers tomes du Trône de fer de George R. R. Martin. J’embarque ce livre pour mes 8h de train. Je pensais pas que le terminus serait à Port-Réal.
“J’ai pas encore lu, mais ça a l’air pas mal”
Antoine, planqué derrière L’Étoile du Matin de David Gemmel (son meilleur bouquin, sans doute, me soufflent mes souvenirs d’ado).
Pas mal ?!? Mais mon pépère, ça va être la claquasse du siècle. Et un an et demi plus tard, voilà les 9 premiers tomes terminés, une relecture déjà entamée et une inscription sur le forum de la Garde de Nuit actée. L’histoire pourrait s’arrêter là. Sauf que…
Cliffhanger Martinien, la suite au prochain épisode.
Scène post-générique : 2004-2005 chez papy George
Où en est le Trône de Fer quand j’ouvre le premier tome en poche ? Déjà, il est en poche, ce qui donne une petite idée du succès d’édition que ça représente. La fantasy est à l’époque encore plus considérée comme mineure qu’aujourd’hui. L’Assassin royal de Robin Hobb, par exemple, comme le Trône de fer sont donc de beaux succès.
Ce livre, donc, correspond à la moitié du premier volume anglais A Game of Thrones, paru en 1996 en VO et en 1998 chez nous. Pour les intégrales, faudra attendre 2010 et l’annonce de la série. Je suis donc persuadé que je viens de voir crever Ned Stark devant le bordel de Littlefinger quand je tourna la dernière page. Quel suspense insoutenable ! Ni une ni deux, je trouve une Fnac sur Paris entre deux colos. A moi les secrets du Donjon Rouge dans lequel Ned se réveille. Ouf ! Il est vivant ! (#sweetsummerchild)
Mais revenons à nos (gris) moutons. En 2004, les tomes 2 et 3, A Clash of Kings (2000) et A Storm of Swords (2002) sont déjà sortis en VO comme en VF. Bon en respectivement 3 et 4 morceaux. Mais c’était une pratique courante dans ce que j’avais lu jusqu’ici (des Rougemuraille coupés en 3 ou 4 par l’éditeur VF). Et puis ça faisait plein de couvertures pour faire bosser le ciboulot.
On est donc déjà depuis 4 ans dans l’attente d’A Feast For Crows, le quatrième tome de la saga. Celui-ci sort en 2005 en VO et en 2006 chez nous, ce qui tombera pile avec la fin de ma lecture des 9 premiers tomes (qui correspondent aux 3 premiers tomes VO, si vous avez bien suivi). Au menu de 2006 donc, Le Chaos, puis Les Sables de Dorne…
Couverture de l’édition J’ai Lu, réalisée par Olivier Frot © 2001, Éditions J’ai lu
On ne parle alors pas encore de série télévisée mais George R. R. Martin a déjà été approché pour succéder au Seigneur des Anneaux de Peter Jackson. En vain, car il considère son œuvre comme inadaptée au format cinéma. On suit son blog, le football américain… et ses décisions littéraires de type “Je devais faire une ellipse entre les tomes 3 et 4. Mais en fait non, donc je vais tout réécrire avant de diviser le tome en 2 géographiquement”.
Les produits dérivés sont des trucs de nerds de niche (ou l’inverse). Valyrian Steel forge des épées qui suivent les descriptions du bouquin (aujourd’hui ils font des repros de la série). Dark Sword Miniatures qui fait des figurines pour lui plus que pour nous. Shire Post frappe des pièces de monnaie des Sans Visages, la même qui se trouve en couverture de cet article. Ah les jeux de plateaux et de cartes dérivés feraient passer une partie de Uno pour un câlin de Bisounours. Et justement, ces jeux, on va en parler dans le prochain article !
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